La Grèce sur les ruines de Missolonghi

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La Révolution grecque fut une guerre d’indépendance qui débuta en 1821. Les Grecs définis comme chrétiens orthodoxes se révoltent contre l’Empire Ottoman.

Le Chef des troupes irrégulières, Dimitris Makris, proclama l’entrée de la ville de Missolonghi dans la Révolution le 20 mai 1821. A cette époque, Missolonghi était le centre économique et politique de la région qui correspond à la Grèce continentale et occidentale contemporaine.

En 1822, la ville de Missolonghi fut assiégée pour la première fois par les troupes de Mehmet Rechid Pacha dit « Kioutachis », qui avait vaincu les Grecs à Péta, et d’Omer Vrioni qui avait obtenu la soumission totale de Soulios. Au bout de deux mois, les Ottomans levèrent le siège après avoir subi des pertes sévères.

L’année suivante, en 1823, une nouvelle armée ottomane se dirigea vers Missolonghi mais fut appelée en renfort pour soutenir le siège de la ville voisine d’Aitoliko. En vain. Devant cet échec, les Ottomans abandonnèrent le projet d’attaquer Missolonghi et battirent en retraite. Cet événement est souvent mentionné comme le deuxième siège de Missolonghi.

Trois ans après que Kioutachis et Omer Vrionis eurent tenté de prendre Missolonghi, le Sultan revint à la charge. Il confia de nouveau au vainqueur de la bataille de Péta, la prise de la ville, associant cette fois cette expédition à la campagne d’Ibrahim Pacha dans le Péloponnèse. Avec une puissante armée de 20 000 hommes, Kioutachis quitta Trikala à la fin du mois de février 1825 et arriva devant Missolonghi le 15 avril.

Le siège débuta aussitôt et peut être divisé en deux périodes : du 15 avril au 12 décembre 1825 et du 25 décembre 1825 au 11 avril 1826. Sans véritables renforts de la part des autres Grecs à cause de la guerre civile, et devant affronter des forces ennemies bien supérieures en nombre, les 12 000 Grecs de Missolonghi résistèrent vaillamment pendant un an.

Pendant la 1ère phase de l’opération (15 avril-12 décembre 1825), Missolonghi fut assiégée uniquement par les troupes de Kioutachis, les assauts étaient plus ou moins facilement repoussés par les défenseurs de la ville. Au demeurant, le blocus maritime n’était pas solide et fut forcé à plusieurs reprises par la flotte de Miaouli, qui fournit les assiégés en munitions et en nourriture. Le 24 juillet, 1000 Rouméliotes, sous les ordres de Giorgos Karaïskakis, forcèrent Kioutachis et ses troupes à se replier au pied du Mont Zygos, relâchant ainsi la pression sur Missolonghi. En même temps, la flotte ottomane, harcelée par la flotte grecque, fut obligée de chercher refuge en Céphalonie, alors occupée par les Anglais. Le 5 août, Kitsos Tzavellas, chef des forces souliotes, entra dans la ville, ce qui remonta le moral des assiégés. Cependant, début novembre, la flotte turco-égyptienne fit débarquer 8000 soldats égyptiens et, un mois plus tard, Ibrahim arriva à son tour après avoir pratiquement écrasé la Révolution dans le Péloponnèse. Les Turcs, Turco-albanais et Egyptiens atteignaient le nombre de 25 000 hommes avec une artillerie moderne dirigée par des officiers français. Les Grecs ne pouvaient leur opposer que 4000 combattants.

Le 25 décembre 1825, le siège de Missolonghi entra dans sa deuxième phase.

Comme lors du 1er siège, des divergences survinrent entre les deux pachas. Le 16 janvier 1826, l’Egyptien Ibrahim tenta d’occuper Missolonghi par ses propres moyens. Il échoua et fut contraint de collaborer avec Kioutachis. Les deux généraux renforcèrent le siège par le bombardement impitoyable de la ville et l’occupation des îlots de Vassiladi, (25 février) et Klissova (25 mars), à l’importance stratégique capitale. Les deux îlots occupés, la position des assiégés devint insoutenable, d’autant que Miaouli échoua à forcer le blocus naval.

La situation dans la ville était désormais critique. Il n’y avait plus de provisions et les assiégés (femmes, enfants, blessés, vieillards et combattants) se nourrissaient d’algues, de peaux, de rats et de chats. Dans ces conditions, qui rendaient impossible une défense efficace de la ville, le Conseil des chefs de la Révolution et des notables (« procritès ») décida, le 6 avril, de tenter une sortie qui aurait lieu dans la nuit du Samedi de Lazare au Dimanche des Rameaux (9-10 avril). A minuit, suivant le plan établi, les hommes se séparèrent en trois groupes, commandés respectivement par Dimitrios Macris, Dotis Botsaris et Kitsos Tzavelas ; ils étaient censés enfoncer les lignes ennemies en bénéficiant de l’effet de surprise. Plus tôt, ils avaient tué les prisonniers turcs, tandis que restaient entre les murs les vieillards et les blessés. Mais le plan échoua, qu’il ait été éventé ou mal exécuté. Et les hommes d’Ibrahim, armés de leurs yatagans, tuèrent les combattants de la liberté. Entre-temps, à l’intérieur de Missolonghi, les Turco-égyptiens qui avaient réussi à pénétrer dans la ville se livrèrent à un massacre impitoyable.

En plusieurs endroits, se déroulèrent des scènes dramatiques, comme lorsque le chef de la Commune (« dèmogérontas ») Christos Kapsalis, mit le feu à la poudrière alors que sa maison - où avaient trouvé refuge blessés, vieillards, femmes et enfants - était encerclée par les assaillants, ou lorsque le métropolite Rogoν Ioseph fit sauter le moulin à vent dans un ultime geste de résistance. Le 10 avril au matin, le Croissant ottoman flottait sur les ruines de Missolonghi.

Les données sur les pertes des Grecs pendant le siège et la tentative de sortie sont contradictoires. Il semblerait que des 3000 participants, 1700 moururent au combat, parmi lesquels Ioannis Papadiamantopoulos, Michaïl Kokkinis, Athanasios Ratzikotsikas, Nikolaos Stornaris, l’éditeur suisse du journal Chroniques grecques, Jacob Meyer, et des philhellènes d’origine allemande. Environ 6000 femmes et enfants furent emmenés pour être vendus comme esclaves à Methoni, Constantinople et Alexandrie. Les pertes pour l’armée turco-égyptienne s’élevèrent à 5000 hommes.

Missolonghi fut libérée le 11 mai 1829. Elle fut reconnue « Ville sacrée » en 1937.

Ιστορία του Ελληνικού Έθνους, Εκδοτική Αθηνών, τ.ΙΒ΄.

Nous remercions chaleureusement Mme Maryse Fraysseix et ses élèves de Première 1 (2019-2020) pour la traduction de l’histoire des sièges de Missolonghi.

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